28 Janvier 2010
Tome2 : Aptitudes des teckels face aux exigences du sang
Le Dressage et l’éducation du chien de sang
1 Education de base
1.1 Les premiers contacts chien- maître
1.2 Les exercices lors des premières sorties
2 Dressage sur piste artificielle
2.1 Principe
2.2 La piste
2.3 Les étapes du dressage
2.4 Les autres méthodes
2 APTITUDES DE TECKEL FACE AUX EXIGENCES DE LA
RECHERCHE AU SANG
Le TECKEL correspond aux besoins que Gaston Phoebus (1388) préconisait :
« Les valets de chiens, aides et veneurs doivent tenir chacun son limier en sa
chambre pour plusieurs raisons : d'abord ils sont plus propres (...). Et plus le
maître et son limier seront ensembles, plus ils sauront les habitudes l'un de
l'autre, et mieux ils se connaîtront. Et il pourra enseigner à l’hôtel bien des
choses qu'il ne ferait au bois : se coucher et se lever, manger et laisser sa
nourriture, crier et se taire, aller au devant et demeurer derrière et bien d'autres
choses, pour le mettre en confiance, crainte et amour. Et s'il est au chenil, se sera
tout le contraire, car il deviendra rogneux à cause du chenil et la chaleur des
autres chiens, ou il perdra le pied. Et aussi il sera moins confiant et ne fera pas si
bien la volonté de son maître, qui veut bien dresser son limier le doit prendre et tenir avec lui dès l'âge d'un an et faire les choses dessus dites. »
De plus, le TECKEL est un chien à proximité du sol, robuste et
résistant. Sa petite taille offre des avantages indiscutables : peu rapide, il en est
que plus sûr ; peu encombrant, il est facilement déplaçable et disponible en
l'instant, facile à suivre et il n’effarouche pas le gibier.
Le TECKEL est la seule race sélectionnée depuis plusieurs
générations sur les épreuves de recherche au sang. On trouve actuellement des
pedigrees avec 14 géniteurs ayant réussi l'examen.
Naissances enregistrées par le Club des
Amateurs de Teckels.
LE DRESSAGE ET L’EDUCATION
DU CHIEN DE SANG
Le dressage d’un chien au sang fait appel à différentes techniques de
conditionnement afin de parvenir au but recherché : le suivi, sans se détourner,
d’une piste froide d'un grand gibier blessé. Chez le TECKEL, le travail
s'effectue toujours au trait (laisse d'une dizaine de mètres). Dans les autres
espèces, le travail est le plus souvent libre, le chien remonte seul la piste puis
envoie un signal particulier à son maître pour indiquer la réussite de la recherche
: soit il reste sur place et hurle à la mort (le chien est appelé TOTVERBELLER),
soit il revient et conduit le maître à l'animal blessé après lui avoir confirmé la
réussite par un comportement particulier (le chien est alors classé comme
indicateur de mort, TOTVERVEISER).
Le dressage du TECKEL s'effectue tout d'abord à la longe sur piste
artificielle préalablement tracée dont on augmente progressivement la difficulté
(longueur de la piste, délais entre la pose de celle-ci et la recherche). Puis on
passe au travail au naturel.
1 EDUCATION DE BASE
1.1 LES PREMIERS CONTACTS CHIEN-MAITRE
Un contact précoce est préférable et facilite le futur dressage. En effet,
si cette première rencontre a lieu après l’âge de dix mois, le maître doit gagner la
confiance du chien, de plus le risque de sous développement de celui-ci est très
important. L'animal ayant été peu stimulé par son environnement, il reste
souvent craintif et peut exprimer un syndrome de privation.
Le dressage d'un animal adulte acquis en deuxième main est souvent
très difficile, mais débouche la plupart du temps sur un très bon chien une fois sa
confiance gagnée.
1.2 LES EXERCICES LORS DES PREMIERES SORTIES
D’après LEY (Teckel 97), l’éducation doit commencer très tôt. Vers 3-
4 mois, il faut habituer le chien au futur terrain de chasse. C'est au cours de ces
promenades que va pouvoir commencer le dressage.
- Le dressage au rappel :
A trois mois, le chiot part à la découverte de son environnement, mais
il est toujours dépendant de son maître et en recherche la protection. Aussi, il
s'en éloigne peu. Le dressage au rappel dans ces conditions est simple et fait
appel au conditionnement opérant (voir l’encadré p.23). Lorsque le chiot
s'éloigne, on le rappelle, soit par son nom, soit en sifflant, puis on change
radicalement de direction. Le chien doit faire l'effort de revenir à niveau et de
dépasser le maître. Il est important de renforcer le travail de l’animal par des
caresses ou une friandise.
Certaines erreurs sont toutefois à éviter : courir après le chien s'il ne
revient pas ; le corriger quand il est enfin revenu, il pourrait associer le retour à
la réprimande.
- Le dressage sur trace du maître :
A quatre mois, lorsque le chien a un bon rappel, il est possible de
passer à l'étape suivante. Lorsque le chien s'éloigne, le maître se cache, le chiot
le retrouvera grâce à son flair. Cet apprentissage est très important pour que le
chien prenne confiance en lui et perde l'appréhension de s'éloigner.
Vers cinq- six mois, le chiot est capable de retrouver son maître sur
une longue distance et sur des terrains variés. Pour arriver à ce résultat, il faudra
l'aide d'une tierce personne qui retiendra le chien pendant que le dresseur va se
cacher.
Le chien acquiert une certaine indépendance, ainsi que le sens de
l'orientation indispensable pour la recherche au sang. De plus il apprend ainsi à
suivre une piste donnée, ici celle de son maître.
LE CONDITIONNEMENT OPERANT
Principe
Le conditionnement opérant ou instrumental est la base de
l’apprentissage par essais et erreurs. L’animal sélectionne parmi les opérations
qu’il effectue spontanément et au hasard dans son environnement, celles qui lui
sont les plus favorables. Il se crée alors une association entre les stimulations
présentes, le comportement effectué par l’animal et l’effet, favorable ou
défavorable pour lui, produit par ce comportement sur l’environnement physique
ou social. Il apprend une association Stimulus-Réponse. Le conditionnement
opérant est souvent appliqué dans le dressage des animaux de travail, de plus il
est très présent dans la vie quotidienne. Un chien apprend par exemple que
pousser sur la poignée d’une porte permet de l’ouvrir et donc d’avoir accès à la
cuisine où se trouvent des renforcements tels que la chaleur, la présence du
maître ou la nourriture.
Les réponses apprises par conditionnement opérant mettent
généralement en oeuvre la musculature striée, c’est-à-dire celle du squelette, ce
sont des réponses motrices.
Comme pour le conditionnement classique, un certain nombre de lois
régissent le conditionnement opérant :
- La loi de l’effet a été formulée par Thorndike. Elle dit que tout acte
qui, dans une situation donnée, produit de la satisfaction a plus de chances de se
produire quand une situation analogue survient à nouveau. Inversement, tout
acte ayant produit de la dissatisfaction dans une situation déterminée aura
tendance à disparaître si cette situation se reproduit ultérieurement. La
satisfaction constitue la survenue d’un renforcement tandis que la dissatisfaction
représente l’apparition d’une punition.
- La loi de la répétition : la réponse conditionnée est d'autant mieux
mémorisée que le nombre d'associations entre le stimulus conditionnel et le
renforcement est élevé, en cours de conditionnement et après conditionnement.
Si la réponse apprise n'est pas répétée suffisamment, l'oubli peut se produire.
Celui-ci est l'affaiblissement d'une réponse apprise dû au temps qui passe sans
pratiquer cette réponse.
- La loi de l'extinction : le conditionnement disparaît si on omet de
fournir le renforcement après qu'un certain nombre de réponses correctes ont été
apportées. L'extinction diffère de l'oubli : dans l'extinction, le stimulus est
toujours présent. La disparition de la réponse se produit graduellement.
Toutefois, après l'extinction, on observe parfois une récupération spontanée ;
dans ce cas, l'extinction n'est pas permanente.
- La loi de la généralisation : une réponse conditionnée à un certain
stimulus apparaît aussi suite à un stimulus similaire mais différent. Exemple : si
un son d'une fréquence de 1000 Hz est un stimulus conditionnel susceptible de
déclencher une réponse de salivation, des sons de 950 ou 1050 Hz le feront
également. Les animaux n'apprennent donc pas d'une manière absolue toutes les
caractéristiques d'un stimulus ; ils sont capables d'en distinguer les traits
principaux et de reconnaître ceux-ci dans une autre situation stimulante. Cela
présente une valeur adaptative car la plupart des stimuli rencontrés dans la
nature ne sont pas rigoureusement constants.
- La loi de la discrimination : une réponse conditionnée à un certain
stimulus n'apparaît pas suite à un stimulus similaire mais non identique. Si on
présente deux stimuli neutres, l'un renforcé, l'autre jamais, l'animal apprend à
répondre au premier et à ne pas répondre au second. Ainsi on peut apprendre à
un chien à répondre à la vue d'un objet qui tourne dans le sens des aiguilles
d'une montre et à ne pas répondre si l'objet tourne en sens contraire.
Si la généralisation permet une meilleure adaptation du comportement
appris en assouplissant les stimuli, la discrimination limite cet assouplissement.
Les deux phénomènes sont donc contradictoires mais aussi complémentaires
dans leur fonction adaptatrice. Il est en effet important qu'un animal puisse faire
la distinction entre les stimuli qui sont suivis d’événements biologiquement
significatifs et ceux qui ne le sont pas.
Renforcement et punition
Le renforcement (ou renforçateur) est un stimulus qui apparaît ou
disparaît suite à l'exécution d'une réponse, entraînant une augmentation de la
probabilité, de l'intensité, de la fréquence ou du taux ultérieur de cette réponse.
La qualité et la quantité du renforcement apporté vont, de manière générale,
influencer proportionnellement la probabilité de réapparition de la réponse ou la
force de celle-ci. Il faut cependant tenir compte de la satiété qui peut s'installer
notamment lorsque le renforcement est de nature alimentaire. Ainsi un animal à
jeun répondra beaucoup mieux à une récompense alimentaire qu'un animal
venant de manger. Un renforcement correspondant à un besoin vital est dit
renforcement primaire ou non conditionné, il est suffisant par lui-même pour
produire une réponse. Un renforcement secondaire n’est pas un renforcement, au
départ, il acquiert cette capacité par apprentissage. Il ne produit pas de réponse
d’emblée. En le présentant de manière systématique et un certain nombre de fois
avant le renforcement primaire, il se trouve associé à ce dernier par
conditionnement classique et peut ainsi se substituer à lui. La nourriture, la
boisson, la diminution d’une douleur sont des renforcements primaires. Les
caresses, félicitations, joie du propriétaire sont des renforcements secondaires.
L’usage du renforcement secondaire permet de mettre sur pied un procédé de
dressage qui consiste à substituer des indications encore inconnues de l’animal à d’autres indications déjà connues de lui. Ces indications nouvelles sont plus
commodes à utiliser que les renforcements primaires. Ceux-ci, par ailleurs
peuvent perdre rapidement leur signification par satiété au cours d’une même
séance.
Un renforcement peut être positif ou négatif. Un renforcement positif
est un stimulus appétitif qui apparaît suite à une réponse conditionnée et qui
augmente la probabilité de réapparition de cette réponse. Il apporte de la
satisfaction à l’animal. Pour définir le terme de renforcement négatif, il nous
faut d’abord définir celui de stimulus aversif. Un stimulus aversif est une
stimulation à laquelle un animal cherche à se soustraire. Le stimulus aversif est
l’opposé du stimulus appétitif. Chez un chien, le coup de journal, une traction
sur la laisse, la prise par la peau du coup sont des stimuli aversifs.
Un renforcement négatif est donc un stimulus aversif qui disparaît ou
qui n’apparaît pas suite à une réponse conditionnée et qui augmente la
probabilité de réapparition de cette réponse.
Dans le cas du renforcement négatif, deux types de situation peuvent
se présenter. Le stimulus aversif est présent et la réponse permet à l’animal de
s’y soustraire ; c’est la réponse d’échappement : il commence à pleuvoir, le
chien qui se réfugie dans sa niche effectue une réponse d’échappement. Le
stimulus aversif n’est pas présent mais l’animal, suite à un stimulus particulier,
effectue une réponse qui permet d’empêcher qu’il ne survienne. C’est la réponse
d’évitement par laquelle l’animal anticipe : il ne pleut pas encore mais le
tonnerre gronde, le troupeau de bovins gagne le couvert des arbres et évite ainsi
d’être mouillé.
Une réponse d’échappement ou d’évitement est destinée à soustraire le
sujet à un stimulus aversif potentiellement dangereux. Sa valeur adaptative est
dès lors importante. Ce type d’apprentissage est donc généralement très rapide,
il présente également la caractéristique d’être très résistant à l’extinction.
La punition est un stimulus aversif ou une situation défavorable qui
survient après une réponse et qui en diminue la probabilité de réapparition. La
punition est dite positive quand la réponse entraîne l’apparition d’un stimulus
aversif :on peut citer l’exemple d’un chien qui pose sa patte sur une plaque
chauffante. La punition est dite négative quand la réponse entraîne le retrait d’un
stimulus appétitif ou d’une situation favorable déjà présents ou leur nonapparition.
Un enfant puni est privé de dessert ! !
Lorsque l’on apprend à un chien à s’asseoir, on peut utiliser aussi bien
les renforcements que les punitions, positives ou négatives :
En renforcement positif, suite à l’ordre « assis ! », le chien s’assoit,
produisant ainsi une réponse correcte, le conducteur lui donne alors une
friandise, faisant apparaître un stimulus appétitif.
En renforcement négatif, suite à ce même ordre, le chien s’assoit, le
conducteur relâche la traction du collier étrangleur faisant ainsi disparaître un
stimulus aversif.
En punition positive, suite à l’ordre, le chien se couche produisant
ainsi une réponse incorrecte, le conducteur tire sur la laisse et secoue le chien
faisant apparaître un stimulus aversif.
En punition négative, toujours suite à notre ordre « assis ! », le chien
produit une réponse incorrecte en se couchant, le conducteur mange alors la
friandise qu’il tenait à la main, faisant ainsi disparaître un stimulus appétitif
(prévoir dans ce cas autre chose que des biscuits pour chien ou le stimulus
aversif que va procurer l’ingestion du biscuit « Bon Toutou » aura sur le
dresseur l’effet d’une punition positive qui le dégouttera rapidement du
dressage).
- La conduite en laisse ou au baudrier :
A quatre mois, il faut habituer le chiot au port du collier et de la laisse. Le
chien acceptera plus facilement si ceux-ci sont associés à la sortie aux bois. Il est
important de prendre un collier adapté à la taille de l'animal et qui ne puisse pas
passer au-dessus des oreilles.
Si le chien s'arqueboute et refuse d'avancer, il ne faut pas faiblir et être
plus fort que lui.
Vers cinq- six mois, la laisse peut être remplacée par un baudrier qui
permettra au chien de marcher à côté du maître sans vous gêner.
Exercice 1 : le chien marche à gauche du maître si celui-ci est droitier,
ainsi il n’est pas gêné lors de l'utilisation du fusil, et vis et versa pour les
gauchers.
Tenir la laisse le plus bas possible, sans l'écarter du corps. Si le chien
veut doubler le dresseur, celui-ci doit écarter fortement la main pour remettre le
chien à sa place.
Exercice 2 : le but est d'apprendre au chien à éviter les obstacles tout
en restant aux pieds du maître.
Le conducteur marche en passant le plus près possible à droite d'un
tronc. Le chien a tendance à passer là où la place est la plus grande c’est-à-dire à
gauche du tronc. A chaque fois, il est retenu par la laisse et passe rapidement à
droite.
Cet exercice est très fatigant pour un jeune chien, il ne doit pas durer
trop longtemps lors des promenades.
- La garde du sac ou du manteau :
Le chien doit rester couché sur le sac ou le manteau sans bouger jusqu'au
retour de son maître.
Pour cela le TECKEL est placé sur une vieille veste portant l’odeur du
maître et celui-ci s’écarte à quelques mètres tout en le surveillant. Si le chien ne
bouge pas, il faut retourner vers lui et le féliciter vivement. Si au contraire il suit,
on doit le replacer sur la veste et le réprimander.
Lorsque le chien a compris qu'il n'est pas abandonné, on peut
augmenter la distance jusqu'à même sortir de sa vue.
Certains chiens anxieux ne vont pas réussir cet exercice, il est alors
possible de placer la veste près d'un arbre et d'attacher le chien à celui-ci avant
de s'éloigner.
Cet apprentissage a deux intérêts principaux : au début d'une piste au
sang, le chien est mis à la garde d’une veste, ce qui permet, d'une part, à l'animal
de se calmer et, d'autre part, au conducteur de repérer les indices laissés par le
gibier. Cet exercice apprend également au chien, lorsqu'il se perd, à retourner sur un manteau ou un sac laissé par le maître et à y rester jusqu'au retour de
celui-ci.
- L’immobilité au coup de feu
L’immobilité au coup de feu s’apprend en habituant le chien aux
détonations, c’est l’apprentissage par habituation (voir l’encadré p.29).
Maintenir le TECKEL au calme, couché ou assis, et faire tirer un coup de feu
d'assez loin afin que l’animal reste calme sans aboyer. En fonction de son
comportement, on peut réduire progressivement la distance entre le chien et la
détonation.
- Le mordant
On peut évaluer le mordant d'un chien avec des épreuves telles que le travail
au terrier artificiel, ou tout simplement en approchant votre TECKEL d'une cage
contenant un renard.
- L’acquisition de l'aptitude à crier à la voie
Vers cinq- sept mois, il est important de déclarer le TECKEL sur une voie
fraîche d'un lièvre mis hors de vue. Ceci sera le premier contact du chien avec
du gibier. Il doit suivre la trace du lièvre tout en donnant de la voix. S’il est
effectué régulièrement des promenades en forêt, le TECKEL se découvrira
sûrement plus tôt.
A cinq- six mois, on doit obtenir un futur chien de sang obéissant, facile à
conduire en laisse ou au baudrier. Le chien a appris au cours des promenades à
se servir de son nez. On peut alors s'attaquer au problème qui nous intéresse : le
sang, en dirigeant et exploitant les capacités et aptitudes de l’animal.
L’APPRENTISSAGE PAR HABITUATION
L’habitation est la disparition de la réponse motrice non apprise à un
stimulus donné après que l’animal est été, de façon répétée, mis en présence du
stimulus sans que ce dernier ait été associé à ou renforcé par une stimulation
favorable ou défavorable.
Ex 1 : un bébé entend pour la première fois de sa vie un bruit, cela
entraîne une augmentation de son rythme cardiaque. La répétition de ce même
bruit à intervalles réguliers fait diminuer puis disparaître ce phénomène.
Ex 2 : Un poisson rouge se trouve dans un aquarium. On y introduit un
tube à essai contenant des crevettes d’eau douce. Le poisson, voyant ces proies
s’agiter, effectue des tentatives de capture. Après une quinzaine d’essais, ce
comportement de prédation cesse par habituation.
L’habituation concerne des réponses innées alors que l’extinction
s’adresse à des réponses conditionnées. Et elle présente les caractéristiques
suivantes :
- Elle est d’autant plus facile que l’animal est jeune.
- Elle s’installe plus facilement lorsque le stimulus est présenté à des
intensités d’abord faibles puis croissantes et s’il est présenté fréquemment.
- Elle est spécifique à un stimulus avec, dans certaine mesure,
généralisation à des stimuli très proches.
- Elle peut être annulée par deux mécanismes : d’une part le processus
de récupération spontanée peut restaurer une réponse disparue par habituation
lorsque le stimulus n’est pas présenté durant une période d’une certaine durée,
d’autre part la déshabituation peut entraîner également la réapparition de la
réponse. Elle se produit lorsqu’un nouveau stimulus, appelé stimulus parasite est
produit. Reprenons notre poisson rouge habitué à ne plus réagir à un tube à essai
contenant des crevettes d’eau douce. Si on lâche des petits cailloux dans
l’aquarium à la place et au même endroit que le tube à essai, l’habituation
persiste, le tube à essai contenant les crevettes le laisse toujours indifférent. Si ce
sont des vers de vase vivants qui sont lâchés, l’habituation persiste également.
Enfin si ce sont des crevettes d’eau douce qui sont lâchées, l’habituation
disparaît. Le poisson rouge tentera à nouveau de capturer les crevettes contenues
dans le tube à essai si on lui représente celui-ci. Les crevettes libres ont constitué
des stimuli parasites.
2 DRESSAGE SUR PISTE ARTIFICIELLE
2.1 PRINCIPE
Le but est de suivre une piste artificielle tracée au préalable et qui
simule la piste d'un animal blessé. Pour arriver à ce résultat, on utilise la
méthode du Shaping.
L'initiation du jeune chiot se fait sans longe en traçant une courte piste
avec de la nourriture, du lait, des viscères de gibier. Ensuite le TECKEL est
entraîné avec du sang de gibier en le conduisant au trait et en augmentant
progressivement la difficulté. Le travail au sang sur une piste artificielle
demande un haut degré de concentration et de persévérance de la part du chien
car la voie est très faible en émanations.
2.2 LA PISTE
2.2.1 Le matériel
- Le sang :
On utilise habituellement du sang de grand gibier. Il doit avoir une
bonne senteur et ne pas être pourri. Le sang peut être frais, décongelé, avec ou
sans coagulant. Après la décongélation, le sang, en général, se liquéfie sans
problème, toutefois on peut le passer au mixeur afin de limiter les grumeaux.
Lors de pénurie de sang de grand gibier, on peut diluer celui-ci avec
du sang de mouton ou de boeuf ou utiliser directement du sang de mouton dans
lequel on fait macérer des abats mixés ou des viscères de petit gibier (lièvre,
lapin de garenne).
- La peau, les organes de gibier congelés :
Ils sont nécessaires d’une part pour tracer la piste lors de l’initiation du
chiot et d’autre part pour simuler le gibier trouvé en fin de piste.
INSTALLATION D’UNE NOUVELLE REPONSE
Le procédé qui découle logiquement de ce qui a été expliqué est celui
de l’apprentissage par essais et erreurs selon lequel il faut attendre que le sujet à
qui l’on veut apprendre une nouvelle réponse produise spontanément cette
dernière et la renforcer à ce moment. Le conditionnement s’installe
graduellement. Il faut cependant tenir compte du fait que, si certains
comportements apparaissent fréquemment, d’autres ne se manifestent que
rarement ou jamais. Par niveau opérant, on entend la probabilité ou la fréquence
initiale d’un comportement existant avant un apprentissage. Un comportement
dont le niveau opérant est très élevé a plus de chances d’être produit
spontanément et donc sera plus facilement appris par essais et erreurs. Un
comportement dont le niveau opérant est faible, est difficile à apprendre
d’emblée, pour cela, on aura recours à d’autres procédés, tels que le shaping, la
procédure en chaîne ou l’incitation.
Le shaping
Le shaping ou façonnement est une technique par laquelle on apprend
un comportement particulier en renforçant des approximations successives de ce
comportement. Les comportements appris, ainsi « façonnés », peuvent être très
complexes et très différents, par leur forme ou par leur intensité, des
mouvements habituels figurant au répertoire de l’espèce considérée. La pratique
du shaping implique d’abord de définir clairement la réponse finale désirée et de
déterminer les différents constituants élémentaires. Ensuite, on renforce la
première approximation que l’animal produit, Généralement par hasard. Quand
il effectue une meilleure approximation, on renforce cette dernière en cessant de
renforcer l’approximation précédente moins parfaite et ainsi de suite jusqu’à la
réponse finale. Le shaping tire partie de la variabilité naturelle du
comportement. Il suppose la présence d’un certain nombre de réponses dans le
répertoire comportemental à partir desquelles une réponse jusqu’alors
inexistante peut être obtenue.
Chez le chiot, l’éducation à la propreté peut avoir recours au shaping :
on place sur le sol de la pièce un grand nombre de journaux et on renforce
chaque fois qu’il urine sur un journal. On diminue progressivement le nombre
de journaux en renforçant toujours chaque fois qu’il urine sur l’un d’eux.
Finalement, il ne reste plus qu’un journal, on le place derrière la porte et on
renforce quand le chien demande qu’on lui ouvre la porte et qu’il urine sur le
journal etc…
La procédure en chaîne
La procédure en chaîne est utilisée pour apprendre une séquence
constituée de plusieurs réponses différentes qui se succèdent. Celles-ci
s’enchaînent de telle sorte que chacune d’entre elles représente le signal
déclenchant la suivante. Seule la dernière réponse est suivie de renforcement. Il
n’est pas nécessaire de renforcer les autres parce qu’elles le sont par
l’opportunité de produire la réponse qui les suit dans la chaîne. La méthode la
plus utilisée est celle qui consiste à commencer par la dernière réponse.
Supposons la chaîne des réponses à installer R1, R2, R3 et R4. On installe
d’abord la réponse R4 qui est renforcée. Ensuite on installe R3 dont le
renforcement consiste en la possibilité de produire R4 qui est suivie d’un
renforcement. R4 devient le renforcement secondaire de R3. Et ainsi de suite. La
suite des divers comportements que le chien doit apprendre pour suivre un
parcours d’agility peut être apprise par une procédure en chaîne.
L’incitation
L’acquisition d’un nouveau comportement peut enfin être facilitée par
l’utilisation d’une incitation. L’incitation précède la réponse, elle peut être
gestuelle, visuelle ou verbale. Elle est souvent utilisée comme aide au shaping.
Pour apprendre à un chien à s’asseoir, on peut recourir à une incitation gestuelle
en effectuant une poussée sur la croupe avec la main. Lorsqu’il est assis, on le
renforce.
2.2.2 Les différents types de piste
- La piste traînée
Elle est surtout utilisée pour l’éducation du jeune chiot. Elle peut être
effectuée avec du lait, de la nourriture, un morceau de peau ou d’organe de
grand gibier.
On fixe un chiffon au bout d’une baguette et on l’imbibe de lait. Ceci
permet de tracer à distance de la voie du dresseur, ainsi le chien suit la traînée,
non la trace du dresseur.
On utilise également ces pistes traînées pour créer des voies de
diversion qui croise la piste à suivre. Ce qui permet d’observer le comportement
du chien face à des odeurs très attractives et ainsi de le reconnaître. Ces pistes de
diversion sont réalisées en traînant un gibier mort à forte odeur tel que le lièvre
ou le lapin.
- La piste projetée
On trace en projetant du sang de grand gibier en goutte à goutte à partir
d’une bouteille. On régule le débit soit en fendant le bouchon, soit en insérant
une brindille dans le goulot. Il est nécessaire d’utiliser du sang très liquide.
Au départ de la piste, on simule le lieu de l’impact animal- projectile
en grattant le sol et en y plaçant une branche trempée dans le sang, le tout étant
recouvert de feuilles.
La personne qui trace, retourne la bouteille à chaque pas, laissant ainsi
le sang s’écouler en goutte à goutte tous les 50cm environ. Il est possible de
rajouter des morceaux de viande tous les dix à vingt mètres. La peau est cachée
sous les buissons en fin de parcours.
Cette technique est très simple à réaliser mais possède trois
inconvénients majeurs : les gouttes se dessèchent très rapidement lors de
sécheresse, lorsque le sang est projeté sur l’herbe ou les fougères, le chien a
tendance à travailler le nez en l’air, de plus avec ce type de piste, la répartition
du sang est très irrégulière.
- La piste tamponnée
Pour tracer une telle piste, on a besoin d’un seau dans lequel on place le
sang, d’une baguette au bout de laquelle est fixée une éponge de 1 à 2cm.
Le marquage est effectué en appliquant la baguette de manière
régulière sur le sol et à intervalles réguliers plus ou moins proches de 50cm à 2m
suivant l’entraînement du chien. On replonge le tampon dans le seau de sang
tous les 10 à 20 applications. Au début de l’entraînement, on utilise un demilitre
de sang pour 100 mètres de piste, pour arriver à un quart de litre pour une
piste de 1000 mètres.
2.2.3 Les marques
Des marques ou piges sont placées tout le long du parcours afin de
visualiser la piste. On peut utiliser toutes sortes de repères. Le plus souvent, on
accroche des bouts de papier sur les troncs ou les branches. On peut également
réaliser des brisés de rameaux, des piqués de branche au sol, des traces de
peinture. Des morceaux de banderoles de travaux publics font très bien l’affaire
et se voient de loin.
Il est nécessaire de bien visualiser la piste au début de l’entraînement
surtout lorsque le conducteur ne connaît pas bien les réactions de son chien,
d’une part il peut immédiatement voir si le chien dévie, ou détecter un
changement de comportement qu’il est impératif de repérer. D’autre part si le
chien s’écarte trop de la piste, le conducteur a plus de facilité à le remettre sur la
voie.
Un code de signalisation a été mis au point pour l’utilisation de piges
en papier : - le départ est marqué par T, le point d’arrivée par X, le parcours est
repéré par des I réguliers et les changements de direction par L. On indique
également en début et fin de piste l’heure de pose du sang.
Une fois que la confiance entre le chien et le conducteur est installée et
que la fiabilité du limier a été établie, on rend invisibles les piges.
2.2.4 Le tracé de la piste
Le tracé deviendra de plus en plus difficile au cours du dressage. On
commencera par une piste courte (200 à 500m) rectiligne peu broussailleuse,
avec la pose du sang réalisée seulement 4 à 5 heures plutôt. Puis au fur et à
mesure, le tracé sera plus long, plus sinueux, plus ancien, dans un terrain plus
difficile et varié.
Quelques règles doivent être impérativement respectées lorsque l’on trace
une piste artificielle. Il est nécessaire de porter des bottes en caoutchouc afin de
laisser le moins d’odeur possible. Il faut éviter de marcher sur la piste pour la
même raison mais aussi pour éviter de faire un sentier. Il faut varier
régulièrement le poseur pour ne pas habituer le chien à suivre l’odeur de celuici.
On déposera plus de sang lors de virages, et lors de franchissement de
chemins, ruisseaux, faussés, également lors du passage d’un muret ou d’un
tronc, on placera plus de sang sur l’obstacle lui-même.
Prévoir au moins quatre pistes différentes ou deux pistes que l’on
effectuera dans un sens, puis dans l’autre, ceci pour éviter au chien la possibilité
de les mémoriser.
Il est préférable d’être toujours deux pour tracer les pistes, l’exercice
en est moins fastidieux et beaucoup plus rapide, l’un pose le sang et le second
les piges.
2.3 LES ETAPES DU DRESSAGE
2.3.1 L’initiation du jeune sans longe
Le but est de déceler l’aptitude du chiot à suivre une piste. Gaston
Phoebus (1388) : « et surtout au commencement, il doit lui apprendre à suivre de
hautes erres (c’est-à-dire les voies froides) car toujours les chiens suivent
volontiers les bonnes erres (voies chaudes) et de hautes ne le font pas. Et s’il
peut avoir une tête de cerfs capturés, il doit la faire traîner, et celui qui la traîne
doit aller tantôt en arrière, tantôt en avant en rusant. Et quand le chien aura tout
suivi qu’il a trouvé où l’on a caché la tête, il doit lui faire grande fête et lui faire
tirer la tête ou lui donner à manger s’il en a. Il peut aussi faire traîner de la
viande. »
- La piste de nourriture
Dès 10 semaines, on peut réaliser à l’heure du repas une courte piste
traînée à l’aide de viande, abats ou d’un torchon trempé dans du lait au bout de
laquelle on place l’écuelle du TECKEL. On peut éventuellement déposer
quelques morceaux de viande tout le long du parcours. On allonge régulièrement
la piste de quelques mètres tous les jours en augmentant la difficulté par des
courbes et des crochets.
- La piste de gibier mort
Vers trois mois, on commence à tracer de petites pistes à l’aide de
lièvre mort, de lapin ou de grand gibier. Il est préférable d’utiliser ce dernier en
traînant le foie, les poumons, la tête ou la peau fraîche. Chaque piste doit se
terminer par de l’aliment ou la dépouille du gibier, afin que le chien se
familiarise avec l’odeur du sang et de venaison.
Cet exercice est très important pour que le chien fasse l’association
entre l’odeur et la satisfaction qu’apporte la nourriture ou le pillage de la
dépouille.
Il est nécessaire de poser la piste dos au vent et de la laisser refroidir
avant de mettre le chien dessus afin que celui-ci travaille le nez au sol. Il faut
penser à varier le parcours et le terrain.
2.3.2 Le travail à la longe, au trait
La longe ou le trait est une laisse de cuir de 1 à 1,5cm de large sur 6 à
10m de long sans boucle ni poignée afin qu’elle ne s’accroche pas dans les
broussailles. Le collier appelé botte est très large et épais. Il est important de
n’utiliser le trait que pour ce type de travail. En effet le chien doit associer le
trait et la botte au travail de recherche au sang et non à une promenade ou à
toutes autres activités de chasse qui elles aussi ont leur attribut particulier chez
le TECKEL, chien polyvalent (baudrier pour la promenade, collier à clochette
pour les battues ou la stöber).
Il est nécessaire d’attendre que l’attrait pour la piste et le gibier soit
bien éveillé avant de mettre le TECKEL à la longe.
- La première leçon
On utilise une piste courte tracée seulement 4 à 5 heures auparavant
avec beaucoup de sang. Maintenir le chien couché sur une veste au calme à
proximité du départ, changer le collier par la botte et le trait. Aller seul au départ
pour examiner longuement l’endroit présumer de l’impact. Faire en sorte que le
TECKEL puisse observer en permanence le conducteur lorsqu’il effectue ce
rituel. Retourner chercher votre chien, et lui faire sentir longuement les indices
de l’impact, branches et mousses souillées par le sang. Une fois que le limier
s’est bien imprégné des émanations, il est important de l’inciter à la recherche :
« Le sang... cherche le sang ». Le chien doit suivre rapidement la piste, au bout
de laquelle il arrive rapidement et y trouve une peau, récompenses et caresses de
son maître. On peut alors lui enlever la botte.
Il est très important que cette piste soit facile pour que le chien arrive
au bout sans se déconcentrer.
- Les leçons suivantes
La fréquence des entraînements est à adapter en fonction du rythme du
chien. On pratiquera une à deux pistes par semaine pour un jeune, mais
uniquement une piste tous les quinze jours pour un chien confirmé car le travail
au sang induit une grande fatigue nerveuse et physique pour le limier. Ce qui
entraîne désobéissance, inattention, erreurs, et aussi des risques pour la santé du
chien. On veillera donc à éviter le surentraînement.
On augmente la difficulté de la piste en fonction du comportement du
chien sur les exercices précédents. Il est nécessaire d’utiliser toujours les mêmes
gestes et les mêmes paroles pour conditionner le chien à la recherche. Ainsi à
chaque début de piste, on place le TECKEL sur la veste au calme avec la longe
et la botte au cou pendant que le conducteur ira repérer les indices de l’impact.
Puis à chaque fois on amènera le chien en ce lieu pour lui faire sentir le sang
avant de l’inciter à suivre la piste.
Exemple de programme d’entraînement :
Phase 1 : piste de 200 mètres dans un terrain débroussaillé,
tracée 4à6 heures auparavant avec un demi-litre de sang pour 100 mètres.
Phase 2 : piste de 500 à 1000 mètres avec virages, posée 12
18 heures auparavant
Phase 3 : piste à 24 heures de 1000 à 1500 mètres traversant
différents types de terrain, broussaille, clairière, avec le franchissement
d’obstacles tels que des chemins, fossés, ruisseaux.
Phase 4 : Piste identique à la précédante mais âgée de 40
heures.
Il ne faut passer d’une phase à l’autre que lorsque le TECKEL ne
présente aucune difficulté à suivre les pistes de la phase précédente. La dernière
phase à 40h peut ne pas être réalisée si l’on manque de temps. En effet, en
général, les chiens réussissant bien le travail à 24h, n’ont aucun problème à
suivre une piste à 40h.
Il est important de récompenser le limier à chaque réussite.
2.3.3 La conduite au cours du travail
Le conducteur doit veiller à ce que le chien travaille dans les
meilleures conditions. La longe est tenue souple à trois-quatre mètres du chien,
en prenant garde qu’elle ne s’accroche pas dans les ronces, ou qu’elle ne gène
pas son évolution. On maintiendra le trait entre les pattes du chien pour l’obliger
à travailler le nez au sol.
Au départ le chien doit s’abreuver longuement de l’odeur. Il ne faut
pas hésiter à contenir les chiens trop fougueux en début de piste afin qu’ils
s’imprègnent des émanations et qu’ils collent en suite à la voie ». On encourage
alors le TECKEL avec une voix énergique : « LE SANG... LE SANG » pour
rappeler au chien le but de la recherche, en observant et surveillant le
comportement du limier afin de bien le connaître et de noter tout changement.
Si le TECKEL s’écarte de la piste, on ne tire pas sur la laisse pour le
remettre sur la voie. Un chien qui cherche avec son nez peut s’éloigner de trois
quatre mètres de la piste avant de retrouver seul la suite. Un limier travaillant
correctement effectue des demi-cercles lorsqu’il a perdu la piste afin de la
recouper et de la suivre. Il faut donc le laisser au maximum travailler seul, sans
intervenir, pour qu’il apprenne à déjouer les ruses du gibier (et celles de juges
d’épreuves).
S’il s’éloigne trop ou s’il apparaît complètement perdu, on le remet sur
la piste quelques mètres en arrière du point ou il a quitté la piste, si possible
proche d’une tache de sang pour lui rappeler l’odeur et on l’incite à nouveau à la
recherche « LE SANG... ». S’il ne reprend pas la voie, on le prend dans les bras
et on s’éloigne de la piste, on le calme, le distrait puis on reprend la piste au
départ. Il est nécessaire de toujours garder son calme, être très patient et ne
jamais s’énerver en tirant violemment sur la laisse.
Cet exercice ne doit, en aucun cas, devenir une contrainte pour le chien,
si on veut réussir le dressage.
Rechercher systématiquement les causes des échecs (surentraînement,
conditions météorologiques défavorables, santé du chien, manque de
concentration au départ), afin d’y remédier ou de relativiser.
Si le chien s’éloigne pour suivre une piste fraîche, on le laisse faire sur
quelques mètres afin de repérer le changement de comportement. S’il revient de
lui-même sur la voie on l’encourage à la voix : « C’EST BIEN MON CHIEN,
CHERCHE LE SANG... LE SANG ». S’il insiste sur la voie chaude, on l’arrête
calmement, on le gronde sans le frapper, et on le remet sur la piste, en le guidant
par la longe tenue courte sans effectuer de traction violente sur la botte, ou en le
prenant dans les bras et en le plaçant sur la piste. Beaucoup de chiens de sang
ont tendance à suivre les pistes fraîches sur quelques mètres. Ce comportement
n’est pas grave si le limier ne persiste pas dans le « change ». C’est alors au
conducteur de reconnaître le « change » : tension sur la laisse plus ou moins
forte, queue plus raide et relevée, le TECKEL donne de la voix... etc.
Après avoir remis le chien plusieurs fois sur la piste, le simple
avertissement suffira à le faire revenir par la suite.
Si pendant toute la piste, le chien lève le nez et suit la voie, celle-ci est
trop facile, soit on a utilisé trop de sang, soit la piste est trop fraîche. Il est donc
nécessaire d’augmenter la difficulté. Si au contraire le chien échoue, il est bon
de faire une piste plus facile, et si possible dès le lendemain, afin que ne
s’émousse pas sa volonté de recherche.
Lorsque l’on travaille sur un terrain très varié, il arrive que le chien
semble perdu au changement de couverture végétale. Les subtilités des
émanations du sang se modifient en fonction du sol. Il faut faire preuve de
patience et laisser le chien s’abreuver à nouveau de ces nouvelles émanations
pendant quelques secondes, voire plusieurs minutes, lorsqu’il s’agit entre autre
de revêtement tel que les aiguilles de pins dont les senteurs propres sont très
fortes, avant de poursuivre avec assurance.
Il ne faut pas perdre de vue que la recherche au sang est un travail de
couple, dans lequel le chien suit la piste, et le conducteur limite les erreurs du
limier. L’entraînement est donc le moment privilégié pour observer, repérer,
comprendre les variations du comportement, chien perdu, distrait, voie de
« change », etc…, afin de remettre le limier sur la piste. Lors des entraînements,
la piste étant balisée par des piges visibles par le conducteur, il est aisé de
remettre le chien sur les traces. Mais lors d’épreuve ou de recherche au naturel,
la piste n’est pas visible, le conducteur doit donc apprendre à repérer les indices
de la piste, tâches de sang, gouttes, souillures, pour contrôler en permanence le
travail du TECKEL. A chaque indice trouvé, on placera une marque afin de le
retrouver plus tard si nécessaire. On peut employer des brisés ou des traces de
peinture à cet effet, mais on utilise généralement des petits morceaux de papier
toilette, visibles de loin et biodégradables.
Ainsi lorsque le chien semblera fiable et l’oeil du conducteur habitué à
repérer les indices, on effectuera les entraînements en cachant les piges,
conditions normales de recherche. On peut ainsi éprouver la réelle valeur du
couple.
L’entraînement est alors terminé. Il est bon de valider les compétences
du couple dans une épreuve officielle avant de se lancer au naturel.
Ce type d’entraînement réalisé chez le TECKEL est très simple à
mettre en place, et permet de travailler sur tout type de terrain, tout en mimant
les conditions d’une recherche naturelle avec obstacles et difficulté de parcours.
Il permet également de corriger immédiatement les erreurs du chien et ainsi de
rendre le dressage plus efficace. Ce dressage très progressif et adapté à la vitesse
de chaque chien permet en quelques mois d’obtenir un chien pouvant travailler
avec de très faibles émanations.
Toutefois cette préparation reste longue et nécessite une parfaite
entente et connaissance réciproque dans le couple.
2.4 LES AUTRES METHODES
Deux autres méthodes peuvent être utilisés soit telles quelles soit en
complément de la technique précédente, en particulier lors de pénurie de sang.
2.4.1 Le travail à la longe sur la voie du lièvre.
La voie du lièvre est une voie très légère et son travail constitue un test
sérieux pour permettre d’apprécier la qualité et la puissance du nez d’un chien.
La voie du lièvre «ne tient pas » contrairement à celle d’un ongulé qui peut être
travaillée dans des conditions normales 8 à 10 heures après le passage de
l’animal. La voie du lièvre se travaille donc tout de suite, dès que le gibier est
hors de vue. Différents paramètres influent sur les émanations d’une telle voie :
L’humidité du sol ou de l’air rend le travail du chien plus facile, au contraire un
temps sec et chaud le rend plus difficile. La couverture du sol joue énormément
sur le sentiment de la voie, en effet une voie sur un sol couvert de végétation
sera beaucoup plus facile à suivre qu’une piste sur un sol labouré ou nu. La
différence de température entre le sol et l’air intervient également dans la
puissance des émanations d’une voie : si la température de l’air est supérieure à
celle du sol, les sentiments seront mieux perçus par le chien. Il est donc conseillé
de faire de tels entraînements dans la matinée ou en fin d’après-midi.
Il est nécessaire de bien repérer le parcours du lièvre sur une assez longue
distance pour pouvoir suivre le travail du chien. On procède comme pour touterecherche au sang : on pose le limier sur une veste, on lui passe la botte avec le
trait puis on le met sur la voie. Il est important d’éviter le gîte afin de ne pas
provoquer une surexcitation superflue. Eviter également de le faire travailler sur
un parcours non connu car il sera alors impossible de contrôler sa fiabilité.
2.4.2 L’entraînement sur voie saine et froide
Cette méthode nécessite beaucoup de temps, de disponibilité, mais surtout
d’un territoire exceptionnel avec une forte densité en grand gibier.
Chaque animal, même au sein d’une espèce définie, dégage un sentiment
qui lui est spécifique. Les odeurs laissées par le pied d’un cerf et les sentiments
qui restent accrochés aux branches et aux herbes sont différents d’un cerf à
l’autre.
Si le chien comprend qu’il doit suivre et travailler la voie d’un unique
gibier, s’il est fasciné par cette odeur, c’est gagné.
Les chiens peuvent être entraînés à partir de 4 à 5 mois en voie saine et
froide du grand gibier.
Le matin on repère de manière précise le passage d’un cerf, d’une biche,
d’un sanglier. Il faut exclure le chevreuil dont l’odeur intense et très alléchante
marque le chien et l’incite au « change » lors de recherche future. Au début avec
un jeune chien, on effectue les recherches après seulement 2 ou 3 heures, les
émanations sont encore importantes avec une voie de cent à cent cinquante
mètres seulement. Il est recommandé en départ de tenir la longe assez courte (2-
3m). Dès que le chien montre une empreinte, on ne manquera pas de l'inciter à
persévérer. A la fin de l’exercice, on ne tire pas le chien hors de la voie, mais on
le soulève et le dépose à quelques pas de là, on le félicite et on le récompense
avec des morceaux de venaison ou des bouts de viande. Il est bon de faire
travailler le chien le vent dans la nuque, ceci l’oblige à avoir le nez au sol.
Progressivement, on augmentera le temps entre le passage de l’animal et
le début de la recherche et on augmentera également la distance. Un chien
entraîné peut suivre une voie sur laquelle la nuit est passée.
Ces deux méthodes ont l’avantage de ne pas utiliser de sang, denrée très
rare en période d’entraînement. Toutefois elles risquent de provoquer le
« change » si le chien n’est pas bien équilibré.