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Les Archers des Mascareignes

Le Sanglier 2




Les organes du sanglier….un peu d’anatomie.

Retenez surtout la position spéciale de la colonne vertébrale, à concavité très prononcée vers le bas au niveau de l’épaule. Les balles d’apophyse ne sont pas rares et laissent souvent un arrière-goût d’amertume quand le sanglier, après s’être effondré, se relève et part au triple galop !

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Extrait du Livres "L'examen sanitaire initial du gibier E.MERTZ

Site du Sanglier de A à Z : www.lesanglierdeaaz.fr

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Voir rubrique : Document utiles : Livre

La vie sociale et l’utilisation de l’espace .

Le sanglier est une espèce grégaire par définition. Ils vivent en groupe .

La structure sociale de base est matriarcale . Elle se compose de la laie adulte et de ses jeunes des deux dernières portées. Ceux-ci sont des marcassins ou des bêtes rousses que viennent rejoindre les jeunes de l’année précédente, les bêtes de compagnie.


A ce groupe familial classique qui forme déjà à lui seul une compagnie, base de l’organisation sociale des sangliers, viennent parfois s’ajouter des laies sans progéniture ou d’autres groupes familiaux classiques. Ensemble, ils forment une bande de sangliers.

La bande est menée par une laie adulte ayant progéniture. C’est la laie meneuse ou laie de tête.

Deux laies de force et de caractère égal ne cohabitent jamais ensemble dans la même bande. Chacune formera sa propre compagnie.

Ne pas confondre avec le terme laie suitée, un autre groupement qu’on pourra rencontrer à la chasse. Cette fois, il s’agit d’une laie adulte accompagnée uniquement de sa progéniture de la dernière portée, marcassins ou déjà jeunes bêtes rousses.

Un autre type de groupement qu’on pourra rencontrer à la chasse est le petit groupe de bêtes rousses, jamais bien loin de la laie qui s’est isolée pour mettre bas. Ces bêtes rousses ne réintègrent la cellule familiale que 4 mois plus tard, la laie ne leur autorisant pas l’accès au groupe avant que ses jeunes marcassins ne soient sevrés. Ces bêtes rousses deviennent alors de jeunes bêtes de compagnie.

Des petits groupes de mâles vont se former à l’approche des mise-bas. Ces mâles ont approximativement 2 ans. Encore une fois, la laie s’est isolée pour mettre au monde ses petits marcassins. Les bêtes rousses se sont éloignées. Les bêtes de compagnie vont, cette fois, quitter définitivement la cellule familiale. Ce sera surtout vrai pour les mâles. Ils deviennent des ragots et se rassemblent en petits groupes. Les laies ragotes, elles, pubères, sont fécondées par un verrat. Elles s’isolent pour la mise-bas. Après un bon mois, elles se regroupent ensemble, souvent avec leurs propres sœurs et leur mère pour élever les marcassins.

Parfois, les mâles séparés du groupe familial éprouvent de la nostalgie et réintègrent la famille pour quelques mois.

Enfin, les mâles adultes, âgés de 4 ou 5 ans, vivent en solitaire, parfois accompagnés d’un plus jeune mâle de 2 à 3 ans, le page. (pour le cerf, ce chevalier servant s’appelle un écuyer )

Le domaine vital du sanglier.

 Le domaine vital des laies suitées se situe entre 500 et 2.000 hectares. Sur cet espace vital, les bauges et les souilles sont très régulièrement fréquentées par les mêmes individus, ainsi que les différents points de nourriture.

Les verrats adultes se déplacent plus volontiers, sans pour autant être nomades. Les déplacements seront surtout marqués l’hiver et lors du rut. Le domaine vital d’un mâle varie de 1.500 à 10.000 hectares.

On comprend, dès lors, que la gestion de l’espèce ne peut se concevoir que sur des territoires ou des massifs forestiers de plusieurs milliers d’hectares et non sur 100 ou 200 hectares.

Sans être un nomade, il peut parfois parcourir 30 à 40 kms en une nuit, surtout si disette et dérangement sont les mobiles de son errance.

L’habitat du sanglier .

Bien qu’il puisse vivre à peu près n’importe où, notre sanglier préfère les grands massifs forestiers des Ardennes et de l’Entre-Sambre et Meuse. Les grands massifs forestiers, peu fréquentés et où règne pour lui la quiétude, avec de nombreuses remises faites de fourrés épais de ronces et d’arbustes est le biotope idéal .

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Il s’adapte aussi aux maquis, à la garrigue, ainsi qu’aux marais ou aux plaines de cultures parsemées de boqueteaux calmes et épais. Il n’aime pas les grandes forêts clairsemées.

Si le biotopela quiétude et les ressources alimentaires sont indispensables sur un territoire pour tenir du sanglier, il faut encore y ajouter un élément vital : L’EAU.

Celle-ci est indispensable pour boire, mais surtout pour se souiller. Le sanglier est d’ailleurs un excellent nageur.

Le manque d’eau, un sol trop caillouteux, un gel trop intense et trop long empêchant le sanglier en quête de nourriture de fouiller le sol et de se souiller, seront les facteurs limitants majeurs à l’implantation du sanglier dans un territoire. En montagne, il ne dépasse guère la limite des arbres et n’aime pas les parois escarpées.

L’alimentation du sanglier.

Le sanglier est le seul de nos grands gibiers à être omnivore. Son rythme journalier est biphasique :

La journée est faite de repos pour 60 % du temps dans une bauge bien abritée.

L’activité alimentaire a lieu la nuit essentiellement avec une répartition de +/- 15 % du temps consacré aux déplacements et 25 % à la prise alimentaire.

Opportuniste de nature, son régime est composé de +/- 10 % de protéines tirées de la matière animale en ingérant des insectes, des escargots, des petits rongeurs, des taupes, des grenouilles voire des lapereaux, mais aussi des cadavres d’animaux ou du poisson mort le long des cours d’eau. L’essentiel pourtant de ses ressources alimentaires en protéines est surtout couvert par une ingestion abondante de vers de terre ! ! !

Les 90 % restants de son régime alimentaire sont couverts par l’ingestion de végétaux de tous types…Il mange presque tout ce qu’il trouve sur le sol. Végétaux divers, mais surtout fruits forestiers, qui constituent son alimentation préférentielle avec les glands, les châtaignes, les faines du hêtre et les samares du frêne ou les baies telles les mûres, les framboises ou les myrtilles, seront l’essentiel de sa nourriture à une époque de l’année.

Si la glandée est bonne, les glands constituent jusqu’à 50 % de son alimentation en automne, ce qui réduit considérablement les dégâts aux récoltes cette année-là. A l’époque des champignons, il en mange aussi très volontiers.

Les besoins alimentaires journaliers d’un sanglier de 60 kgs sont de +/- 600 grammes de matière sèche végétale (0.6 Unités fourragères ) et 70 grammes de protéines brutes digestibles. Soit plus ou moins 3 kilos de végétaux pour 200 grammes de matière animale.

Le jeune marcassin mettra 15 jours avant de commencer à absorber autre chose que le lait maternel , même si le sevrage n’a lieu qu’à 4 mois.

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Le sanglier apprécie les pierres à sel en forêt et leur présence favorise le cantonnement de l’espèce.

Les besoins en eau sont permanents comme nous l’avons déjà vu précédemment.

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En matière d’agrainage, s’il permet de fixer les animaux sur un territoire pour un temps du moins, des règles strictes sont à respecter. Une place d’agrainage pour 250 à 300 hectares semble suffisante à une population normale de sangliers (5 à 6 bêtes noires aux 100 hectares). Du maïs grain sera distribué avec un maximum de 200 à 300 grammes par jour et par individu. Celui-ci doit être distribué sous forme de longues et larges traînées, les grains très dispersés, pour rendre la recherche difficile. Cela occupe les animaux et évite les compétitions entre compagnies !

Ayez toujours à l’esprit qu’une alimentation trop facile ne tient pas vos sangliers sur un territoire donné.

Bien plus, un excès de maïs grain va favoriser l’engraissement des laies et diminuer ainsi leur taux de fécondité. Un déséquilibre de la ration par excès d’apport de maïs et donc diminution d’apport en protéines favorise non seulement les dégâts de vermillis, mais augmente le cannibalisme des animaux à la recherche de ces mêmes protéines. Nonobstant ce problème, le maïs, pauvre en minéraux et en acides aminés, s ‘il est ingéré en excès…et on sait que les sangliers en sont friands, amène des carences alimentaires graves et toutes les maladies nutritionnelles qui y sont liées.

Il conviendra donc toujours d’accompagner l’apport de maïs avec d’autres aliments. La loi autorise les pois et l’orge.

Les dégâts de sanglier….une question qui peut coûter cher au gestionnaire de chasse !

Contrairement à certaines idées préconçues, le sanglier ne fait pas de dégât au milieu forestier. Au contraire, il joue un rôle positif dans l’équilibre forestier . Il laboure et aère le sol par ses boutis, favorisant ainsi la germination des diverses semences des essences forestières. La grande consommation des insectes, des larves et même des rongeurs participe à l’équilibre biologique du milieu forestier.

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Les dégâts du sanglier peuvent malheureusement être très importants dans les cultures. Notons toutefois que certains sangliers ne font jamais de dégât aux cultures car ils ne sortent jamais de la forêt pour s’aventurer en plaine !

 

Les clôtures électriques sont très dissuasives, leur boutoir étant très sensible à l’électricité. 3 fils seront nécessaires à la construction d’une bonne protection pour les cultures.

Les dégâts sont de deux types.

Les dégâts alimentaires .

Essentiellement liés à la consommation des végétaux dans les cultures, notre sanglier peut faire des dégâts considérables dans les champs de maïs et de céréales, non seulement au printemps dans les semis, mais surtout de juin à août lorsque les carottes et les épis sont en « lait », c’est-à-dire en début de maturation..

60 % des dégâts provoqués par le sanglier concernent le maïs qui peut représenter jusqu’à 50 à 60 % de sa nourriture à un moment de l’année. 30 % vont aux céréales comme le blé ou l’avoine surtout…La responsabilité du sanglier dans les dégâts infligés à une culture est aisément reconnaissable car il aime mâchonner et égrainer ces carottes et ces épis, par rapport aux cervidés qui les sectionnent net.

Les fruits comme le raisin dans les vignobles et les plantes sarclées comme la pomme de terre et le topinambour représentent environ 4 % des dégâts.

Les vermillis et les boutis à la recherche de vers de terre dans les prairies font aussi partie des dégâts alimentaires du sanglier et représentent les 6% restants.

Les dégâts comportementaux . sont essentiellement liés au piétinement et au roulage dans les cultures.

La reproduction du sanglier .

La reproduction varie en fonction de nombreux paramètres. Parmi ceux-ci, le climatintervient naturellement. Un climat doux est favorable à la reproduction du sanglier.L’alimentation joue aussi un rôle essentiel sur les facteurs de reproduction. Une bonne nourriture abondante (glands – maïs ….) associée à la quiétude sur un territoire vital accélère la puberté des jeunes laies, avance la période des chaleurs et donc des mise-bas. Le taux de fécondité est aussi augmenté sensiblement.

Attention toutefois à l’excès de maïs qui va provoquer un déséquilibre alimentaire marqué et diminuer cette fois la fécondité.

Cette influence d’une bonne alimentation sur la fécondité et les naissances n’est toutefois vraie que si la structure sociale des compagnies est bien établie et le groupe parfaitement hiérarchisé. Nous allons expliquer pourquoi !

Les facteurs éthologiques avec les diverses structures d’âge de la population des femelles, la présence de la laie meneuse dans le groupe ainsi que la présence de verrats adultes sur le territoire sont autant de facteurs primordiaux pour la reproduction du sanglier.

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Pour les mâles, la maturité sexuelle intervient vers l’âge de 8 à 12 mois , bien que la plupart du temps, ils ne participent pas encore de façon active au rut à cet âge-là.

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Pour les jeunes femelles, la maturité sexuelle varie de 8 à 20 mois , avec un poids minimum de 30 à 35 kilos. Dans des conditions de température et d’alimentation idéales, ce poids est rapidement atteint. Une partie des femelles, encore bêtes rousses, entre 8 et 12 mois, pourra déjà participer à la reproduction et mettre bas pour la première fois dès l’âge de 15 à 16 mois. Ce phénomène aura lieu surtout si la chasse a éliminé les femelles adultes.

En règle générale pourtant , la laie met bas pour la première fois = primipare à 2 ans ! ! !

Dans une compagnie bien structurée, la 1 ère laie en chaleur est toujours la laie meneuse qui joue un rôle essentiel dans l’organisation du groupe. Le déclenchement de l’oestrus, les chaleurs, est bien sûr lié à tous les facteurs déjà évoqués. Le photopériodisme, c’est-à-dire le cycle de lumière journalier, a une influence prépondérante sur le déclenchement des chaleurs. Celles-ci se déclenchent lorsque la lumière diminue. La chute de la température extérieure, la diminution de la durée de la clarté du jour associées à l’augmentation des disponibilités alimentaires d’automne, bonnes ou mauvaises ( glands, faines…) influencent le retard ou la précocité de la reprise du cycle oestral de la laie.

Le pic des chaleurs a donc lieu au solstice d’hiver, mi-décembre .

En règle générale, le rut du sanglier a lieu de mi-novembre à mi-janvier avec un cycle de 21 jours comme pour la biche. La durée de la période de réceptivité au mâle avec le meilleur taux de fécondité est courte. Elle dépasse à peine les 50 heures à chaque cycle. (2 à 3 jours )

La laie meneuse entre en chaleur, sécrète non seulement beaucoup d’oestrogènes, mais aussi d’autres phéromones dans ses urines, sa salive et les différentes glandes à parfums déjà évoquées.

Stimulées par ces différentes sécrétions, les autres laies de la compagnie entrent en chaleur à leur tour .

La conséquence directe de cette entrée en chaleur quasi simultanée de toutes les laies de la compagnie sera une mise-bas synchrone, même si chaque laie va s’isoler, seule, dans son propre chaudron pour accoucher. Après un mois, les laies de la même compagnie vont se regrouper quasi toutes en même temps avec leurs marcassins respectifs, de nouveau sous la conduite de la laie meneuse et assurer ainsi la surveillance et l’éducation des jeunes, toutes ensemble. Pendant que quelques-unes surveillent les marcassins, les autres peuvent s’alimenter en paix, phénomène plus que bénéfique à une bonne lactation.

Le caractère saisonnier du rut chez le sanglier est directement lié à une période de repos sexuel total appelé anoestrus. Il a lieu en été de juin à septembre. ( anoestrus d’été )

La température élevée de l’été et la longue durée des journées avec une clarté importante provoquent l’anoestrus d’été. Il a disparu chez la truie et chez nos hybrides.

Il est clair à présent que la présence, au sein de la compagnie, d’une laie adulte meneuse est non seulement essentiel à la sédentarisation du groupe, mais aussi au bon déroulement du cycle des mise-bas.

Le tir de la laie meneuse peut avoir des conséquences dramatiques .

  • en l’absence du chef de groupe, on assiste à un avancement de la maturité sexuelle des jeunes femelles sur qui l’avenir de la reproduction est dorénavant fondé. Cette maturité sexuelle arrivera à des époques très variables et entraîne un allongement considérable des périodes de rut pouvant, cette fois, aller de septembre à mai. Les naissances s’étaleront aussi tout au long de l’année, aggravant par la même occasion ce phénomène d’allongement des premières chaleurs des futures jeunes laies.
  • Voilà pourquoi on trouve déjà des marcassins à l’entrée de l’hiver. Or, le taux de mortalité des jeunes marcassins dans leur première semaine est en moyenne, dans des conditions normales, de 30 à 50 %. La survie des jeunes nés pendant un hiver froid et humide sera problématique. Le taux de mortalité, dans ces conditions, pourra être particulièrement élevé.

Nous savons que les verrats ne vivent pas avec les laies. Comment s’effectue alors leur rapprochement à la période du rut ? Les mâles sont bien sûr polygames. Si, de surcroît, on imagine que la période de réceptivité des femelles est très courte à chaque cycle, 2 à 3 jours au plus, on comprend facilement que la recherche du partenaire sexuel sera très active !

 Pendant les quelques jours que durent les chaleurs de la laie, nous avons dit qu’elle sécrétait beaucoup d’oestrogènes et d’autres phéromones par toutes les glandes olfactives et dans ses urines. La laie en chaleur adopte aussi, à ce moment, un comportement intéressant qui consiste à saliver et à se frotter les yeux et le menton sur la base des arbres. Je vous rappelle l’existence des glandes mentonnières et lacrymales.

Attirés par ces sécrétions, véritables incitants olfactifs, les mâles dominants s’installent à proximité du groupe de laies en chaleur. Ils éloignent les jeunes mâles de la compagnie alors âgés de 12 à 18 mois : les bêtes de compagnie. Pour éviter la promiscuité d’autres mâles adultes, prétendants aussi à l’accouplement, le mâle dominant, à son tour, urine, salive et se frotte aux troncs d’arbre pour en imprégner l’écorce des sécrétions de ses glandes prépuciales, espérant ainsi éloigner les concurrents.

Si plusieurs mâles dominants convoitent la même compagnie de laies en chaleur, des combats très violents auront lieu. Rarement mortels heureusement, le sanglier possède en effet, une belle armure de protection.

La copulation n’est pas encore gagnée pour autant…Les laies dominantes sont parfois capricieuses et très agressives vis-à-vis des mâles. Ceux-ci évitent d’ailleurs de se bauger en compagnie des laies et restent légèrement à l’écart.

Les laies aiment se faire courtiser, ne se soumettent pas facilement au prétendant, qui verra son poids corporel diminuer jusqu’à 25 % lors du rut tant la dépense d’énergie est grande pour lui, à éloigner les prétendants et à courtiser les femelles. Les harems de femelles pourront comprendre jusqu’à 6 à 8 laies.

Bien que la puberté des mâles soit atteinte dès l’âge de 8 à 12 mois, en général, le rut est exclusivement réservéà des verrats adultes dominants….les plus forts et donc, normalement génétiquement les meilleurs. Pérennité de l’espèce oblige ! Ils ont au moins trois ans. Ce ne sera malheureusement pas le cas si la structure des populations de sangliers, dans un territoire donné, ne comprend pas d’harmonie entre les différentes classes d’âge et que le nombre d’adultes matures est trop faible.

La saillie durera plusieurs minutes contrairement aux cervidés où un seul coup de rein suffit.

Le verrat éjacule 250 à 400 millilitres de sperme pour 3 à 4 millilitres pour le cerf ou le chevreuil.

Nous verrons que, parfois, le verrat ne possède qu’un seul testicule externe, l’autre étant resté dans l’abdomen lors de la migration embryonnaire des testicules vers les bourses. On le dit alors «  monorchide », mais reste parfaitement fécond ! ! !

Le résultat de la saillie pendant les 50 heures propices de l’oestrus de la laie sera naturellement une gestation.

Elle dure de 110 à 120 jours, soit un bon moyen mnémotechnique pour le retenir :

3 mois 3 semaines 3 jours .

Habituellement, la laie aura une seule portée par an, exceptionnellement deux. Ce cas peut se présenter lors d’une très bonne glandée, la laie, en automne, sera suitée de marcassins rayés, mais aussi de bêtes rousses sevrées tôt au printemps. Dans les conditions optimales de température, de quiétude et d’alimentation, une laie adulte pourra avoir au plus TROIS portées sur 2 ans.

Les aliments complémentaires délivrés en abondance, qu’ils soient dissuasifs ou supplétifs, un peu partout et surtout sans réfléchir …, une population éventuellement hybride par des pratiques anciennes de lâcher, peuvent expliquer l’existence de 2 pics de naissances sur une année dans nos populations de sangliers.

Le premier, normal et naturel, fin février, mars ou encore avril.

Le second, plus qu’anormal, en août et septembre ! !

Ces naissances anormales en août et septembre sont :

  • le fait que de trop jeunes laies doivent se reproduire par l’absence de laies adultes et que la pérennité de l’espèce est de mise. (précocité de la maturité sexuelle et donc, du cycle de la reproduction)
  • des laies adultes ont perdu leur progéniture de printemps pour des raisons diverses.
  • Une deuxième portée, liée à des conditions optimales cette année-là.

La mise-bas = parturition dure 3 à 4 heures.

Elle a lieu dans un « chaudron », véritable construction faite de branches, de fougères et d’herbages, situé dans un endroit bien abrité. A l’intérieur du chaudron, grâce au rayonnement de la chaleur corporelle de la mère et à l’effet isolant de la construction, règne une température de 32° à 33°.

Les mise-bas ont lieu en principe de janvier à septembre, avec un pic printanier très marqué entre Mars et Mai, surtout si les groupes sont bien hiérarchisés et que les laies meneuses sont présentes .

La laie accouche en moyenne de 4 à 5 jeunes avec une amplitude pouvant aller de 2 à 10 marcassins.

La taille de la portée = le nombre des jeunes,  dépend fortement de l’âge et du poids de la laie au moment de la mise-bas.

Une jeune bête de compagnie ou même une bête rousse de + de 8 mois et de plus de 35 kgs, si elle est saillie, mettra au monde 110 à 120 jours plus tard un maximum de 2 à 3 marcassins

Une laie adulte de 5 ou 6 ans mettra bas, elle, 7 à 8 marcassins bien vifs.

Une tradition pour estimer le nombre des marcassins d’une laie par portée est de prendre le poids de la laie en dizaines de kilos et d’y soustraire 1. Exemple : une laie de 65 kgs = 6 – 1 = 5 marcassins.

Les marcassins naissent avec un poids moyen de +/- 750 grammes avec des variantes de 600 grs à 1 kilo, pour une longueur de +/- 25 cms.

Ils naissent les yeux ouverts, couverts de poils, capables de se déplacer immédiatement et avec des petites dents de lait bien pointues. La première cause de mortalité des marcassins est le froid et plus encore, un froid intense mais humide ! Pour maintenir sa température corporelle, le marcassin doit brûler des calories . Malheureusement, il n’a aucune réserve de graisse qui pourrait lui apporter l’énergie nécessaire. Seul le lait maternel lui fournit ces calories. Pour cela, les premiers jours de la vie se passent exclusivement au nid. Le taux de mortalité des marcassins dans la première semaine est de 30 à 50 %.

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Il est inversement proportionnel au développement corporel de la mère. A laie corpulente mature, des jeunes vigoureux, d’un bon poids à la naissance et une bonne lactation avec un lait maternel riche et de bonne qualité.

A jeune laie primipare, des marcassins bien sûr moins nombreux à la naissance, mais aussi plus chétifs, avec un poids de naissance inférieur à 700 grammes et une lactation plus difficile à démarrer et moins abondante.

La mortalité intra-utérine est faible chez la laie. La mortinatalité des marcassins reste difficilement quantifiable dans les trois premiers jours, puisque la laie n’hésite pas à manger ses jeunes mort-nés au chaudron !

Le cannibalisme spontané n’existe toutefois pas chez le sanglier, sinon en conditions d’élevage ! Il est important de le différencier des attitudes de « méchanceté » de mères susceptibles qui ne supportent pas les marcassins d’autres laies et peuvent les tuer d’un coup de boutoir !

Après 5 à 6 jours de vie exclusive dans le nid, le chaudron, les marcassins s’aventurent autour de celui-ci pour découvrir progressivement leur environnement sous le regard attentif de la laie. Pendant ces 4 à 5 jours où la laie reste exclusivement au nid, elle se sent très vulnérable, elle sera donc très farouche et agressive si un intrus perturbe sa quiétude. Après 15 jours durant lesquels ils se sont exclusivement nourris du lait maternel, les marcassins commencent à ingérer leurs premiers végétaux et insectes ou vers.

Leur régime va progressivement s’étoffer même si le sevrage n’aura lieu que vers 3 à 4 mois.

Au bout d’un mois d’isolement avec sa nouvelle progéniture, la laie réintègre le groupe familial et un nouveau groupe se forme avec la laie meneuse et les autres laies du groupe entrées en chaleur avec elle. Les jeunes seront alors élevés en « nursery ». Ce système rend le travail d’éducation et de surveillance de la progéniture plus facile et la prise alimentaire des laies en lactation plus tranquille. Les marcassins nés de mères au développement corporel optimum seront vigoureux et bien portants, les marcassins issus de la laie de tête grandiront plus vite que les autres car, en tant que meneuse, elle a la priorité alimentaire et donc une alimentation plus abondante, d’où une lactation optimale pour ses marcassins qui en profitent au maximum et grandissent mieux que la moyenne des jeunes de la compagnie.

Quatre mois après les mise-bas, trois mois environ après que les laies aient reformé une compagnie, la progéniture de l’année précédente, les bêtes rousses devenues maintenant des bêtes de compagnie rejoignent à leur tour la cellule familiale.

Les bêtes de compagnie de la portée précédente, elles, sont devenues des ragots ou des laies ragotes. Elles ont quitté le groupe entre 18 mois et 2 ans. Les laies ragotes, si elles furent saillies lors du rut, ont réintégré la compagnie en tant que jeunes mères, mais les ragots, eux, la quittent de façon définitive pour former des petits groupes de jeunes mâles. La nostalgie de la cellule familiale pourra toutefois, parfois, à un moment, les rapprocher à nouveau…mais pour peu de temps.

La dynamique des populations de sanglier.

Le taux d’accroissement théorique d’une population de sanglier est d’environ 50 à 150 %.

Une question qui revient régulièrement : sur une population de 100 sangliers à l’ouverture, on pourra tirer sans compromettre l’avenir 25, 50 ou 100 bêtes…la réponse est 50 animaux.

 Nous avons vu que la mortalité des jeunes marcassins dans leur première semaine de la vie est important : 30 à 50 %. A cela s’ajoutent les pertes naturelles d’une population équilibrée de sangliers. Ces pertes touchent essentiellement les animaux de 0 à 12 mois et même plus de 0 à 6 mois…

Les causes de mortalité.  

  • Accidents : collision avec des voitures
  • Intoxications….surtout les pesticides (rodenticides)
  • Conditions climatiques rudes empêchant les animaux de rechercher leur nourriture en retournant la terre.
  • Carences alimentaires de toute origine…(maïs ……)
  • Les maladies parasitaires ( strongylose, ascaridiose, distomatose, trichinose…) ou infectieuses ( charbon bactérien, leptospirose, rouget, peste porcine, rage, brucellose, pasteurellose..)
  • Des tumeurs ou des malformations..
  • Et bien sûr…la chasse et des blessures de balles mal placées ….

Le taux d’accroissement réel de la population sera donc de +/- 100 %.

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Toutefois, dans des conditions particulièrement favorables, une population de sangliers peut augmenter de 200 % en une année.

Procéder à des recensements est quasi impossible. Les animaux possèdent un très grand territoire vital. Les mâles présentent parfois un penchant marqué pour les déplacements, sans pour autant, je le rappelle, être nomades. Les animaux ont une activité essentiellement nocturne.

Toutefois, un gestionnaire de chasse attentif pourra, par l’observation des indices de présence déjà énumérés plus tôt dans notre exposé, donner un avis sur la densité de bêtes noires sur un territoire donné : de nulle à faible ou forte.

Encore une fois, c’est à travers l’interprétation des tableaux de chasse que l’évaluation qualitative et même quantitative sera la meilleure.

Limiter les journées de chasse pour éviter un dérangement excessif et le décantonnement des animaux est de règle si on veut garder une population de sangliers sur un territoire. Ne plus chasser le sanglier dès janvier évite le tir des laies pleines !

De la gestion des populations de sangliers .

Rappel : la capacité d’accueil biologique d’un territoire est la densité pour laquelle une population non chassée arrête sa croissance en nombre d’individus. Avant ce stade d’arrêt des naissances, la nature aura déjà réagi en augmentant le nombre des naissances de jeunes de sexe mâle par rapport aux femelles.

Pour le sanglier, la capacité biologiquement supportable est peu importante puisqu’il n’occasionne aucun dégât à la forêt.

Par compte, la capacité économiquement supportable est, cette fois, primordiale, vu les dégâts importants qu’il peut infliger aux cultures. Avant d’envisager une augmentation de la population des sangliers sur un territoire donné, le gestionnaire de chasse doit envisager les dégâts possibles aux cultures….sinon, cela risque de lui coûter très cher ! ! !

Quelques réflexions et questions sur la gestion du sanglier….

Une valeur moyenne sera chez nous de 2 à 6 bêtes noires aux 100 hectares

Le lâcher de sangliers, même génétiquement purs est toujours interdit par la législation de la chasse et ne représente donc pas la solution idéale pour repeupler des zones à faible densité .

Pour favoriser le repeuplement et sédentariser des compagnies sur un territoire donné, il vaut mieux la présence de l’un ou l’autre vieux verrat, l’une ou l’autre compagnie ou la mise-bas d’une ou deux laies sur le territoire.

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Sur le plan quantitatif ,

si j’estime ma population à 100 sangliers en fin d’hiver, ( avant mise-bas) ma population étant bien équilibrée dans sa structure et dans ses différentes classes d’âge, combien pourrais-je en prélever sans compromettre l’avenir ?

Mon taux d’accroissement théorique réel serait de 100 , mais par mesure de précaution, je ne prélève que 80 bêtes.

Sur le plan qualitatif ,

Je ne tire jamais la laie meneuse.

Je ne tire jamais une laie suitée .

Je tire de préférence les plus petits dans une compagnie, ce qui permet de laisser vieillir ma population de sangliers.

Lors de l’élaboration de mon plan de tir, je préconise le tir de 80 % de bêtes rousses et 10 % de bêtes de compagnie, soit 90 % de bêtes de moins de 50 à 60 kgs pour 10 % d’animaux de + de 70 kgs. Cette formule serait idéale pour stabiliser un cheptel.

Si je veux augmenter ma densité, je prélève plus dans les jeunes classes d’âge. Donc, ne prélever que des bêtes rousses.

 

+++++ d'info sur le sanglier

Voir : Site du Sanglier de A à Z : www.lesanglierdeaaz.fr

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